Quatre semaines à peu près que nous vivions à l’heure anglaise en présence de la compagnie accueillie à l’Atelier 231 du 11 avril au 8 mai. Quelques mots prononcés dans la langue de Shakespeare en guise de salut amical et le son des bouilloires marchant à plein régime à l’heure du « tea time ». Un moment de détente bien mérité qui ponctuait la dizaine d’heures de travail effectuée sans relâche pour respecter le timing serré de la compagnie.
Difficile d’imaginer qu’il y a encore quelques jours une trentaine de personnes s’affairaient quotidiennement autour des machines et que deux semi-remorques, parqués aux extrémités de la grande halle, servaient de contre-poids à cette gigantesque structure métallique qui occupait les deux tiers de l’espace.
Sans oublier les pneus ! Eparpillés sur le sol ou suspendus à des chaînes, en tas ou esseulés, ils sont la base de la scénographie. Durant quelques semaines, les anciens ateliers ferroviaires de la société Alacard-Buddicum ont presque endossé l’allure d’une nouvelle succursale Michelin.
La résidence s’est déroulée en deux temps. La première moitié a consisté à monter pour la première fois la structure métallique en condition réelle. Quelques mètres de plus et la Grande Halle n’était pas suffisamment haute pour accueillir ce mastodonte. Certains techniciens ont ensuite laissé leurs places aux artistes et musiciens qui ont d’abord travaillé séparément avant de se réunir pour les répétitions communes quelques jours avant la Visite de Chantier.
Du fait de l’imposante scène, c’est contre la réplique de la Pacific 231 que les spectateurs ont découvert quelques extraits de Barricade. Dans une atmosphère de fin du monde, une horde d’acrobates a pris possession de la structure, courant et virevoltant de toute part. Les pneus ne sont définitivement pas qu’un élément du décor ! Les artistes les réinvestissent dans leurs numéros de boule d’équilibre, de jonglage et dans les airs. De ce monde chaotique émergent aussi des instants poétiques remplis d’espoir, telle la prouesse de cet équilibriste qui ira chercher toujours plus haut voir « ce qu’il y a de l’autre côté ».
La compagnie est désormais partie en résidence à Béthune chez un autre partenaire français du réseau ZEPA, Culture Commune, à l’issue de laquelle sera présenté le spectacle dans son intégralité le 20 mai 2011 dans le cadre du festival Z’ArtsUp !
Photos : Anne Saint-Germier et Sylvain Marchand